|
Nucléaire et armements en Inde: Kouchner a préparé la visite de Sarkozy
21 déc. 07
NEW DELHI (AFP) — Le chef de la diplomatie française Bernard
Kouchner, en visite en Inde, a préparé celle du président Nicolas
Sarkozy fin janvier, qui sera centrée sur le nucléaire civil, mais le
ministre s'est heurté au très concurrentiel marché indien de l'armement.
Le
chef de l'Etat se rendra à New Delhi le 24 janvier avec l'espoir que
New Delhi signe d'ici là un accord avec l'Agence internationale de
l'énergie atomique (AIEA), préalable indispensable à une coopération
franco-indienne dans le nucléaire civil, a annoncé vendredi M. Kouchner.
Pendant
deux jours, il a plaidé pour que le géant asiatique, aux besoins
énergétiques colossaux, entre dans le club mondial des "Etats
nucléaires" civils, en scellant des accords avec les Occidentaux.
"Nous
sommes favorables à la signature d'une sorte d'accord stratégique (sur
le nucléaire civil)", a déclaré à la presse M. Kouchner. Mais "il faut
d'abord que l'Inde soit en règle avec l'AIEA et ensuite qu'elle signe
son accord avec les Etats-Unis. Et nous voulons le même", a-t-il dit à
l'AFP.
L'Inde négocie avec l'agence de l'ONU l'application d'un
accord sur le nucléaire civil, conclu entre 2005 et 2007 mais pas
encore parachevé, avec les Etats-Unis.
Ce pacte historique est la
pierre angulaire du rapprochement diplomatique entre les deux pays. Il
permettra à l'Inde, si le Congrès américain l'approuve, de bénéficier
de combustible, technologie et réacteurs nucléaires civils américains.
En
échange, New Delhi, puissance atomique qui refuse d'adhérer au Traité
de non prolifération nucléaire (TNP), devra placer ses réacteurs civils
sous le contrôle de l'AIEA.
La France et le groupe Areva, mais
aussi la Russie ou l'Allemagne, espèrent un succès de ces pourparlers
avec l'AIEA pour pouvoir sortir leurs propres accords et vendre des
réacteurs à l'Inde.
En revanche, pour le juteux marché indien de la défense, le séjour de M. Kouchner a été plus difficile.
Il
a déploré l'annulation le 6 décembre par New Delhi d'un appel d'offres
de 600 millions de dollars, remporté en février par le constructeur
d'hélicoptères Eurocopter pour équiper l'armée indienne de 197
appareils, à cause de "vices de procédures" dans le processus
d'attribution et à la suite d'allégations de "corruption" dans la
presse.
Un nouvel appel d'offres sera lancé en 2008.
"Je ne
suis pas satisfait (...) mais nous gagnerons une nouvelle fois, en
dépit de la concurrence", a promis M. Kouchner, après avoir vu le
Premier ministre Manmohan Singh et son homologue Pranab Mukherjee.
La
filiale d'EADS avait battu l'américain Bell et le russe Kamov, mais
tout avait été suspendu en juin après l'ouverture d'une enquête sur un
lien familial entre un membre du comité d'évaluation du ministère
indien de la Défense et le distributeur local d'Eurocopter.
New
Delhi a interdit le recours à des intermédiaires dans le secteur de la
défense à la suite de scandales de corruption présumée dans les années
1980.
Le marché de l'armement en Inde, premier acheteur parmi les
puissances émergentes, est évalué à 30 milliards de dollars de contrats
d'ici à 2012.
Les groupes français, au troisième rang des
fournisseurs d'équipements de défense à l'Inde, espèrent pouvoir
rénover les 52 avions de chasse Mirage-2000 exploités par l'armée de
l'air.
Et M. Kouchner "espère bien" que Dassault Aviation, avec
son Rafale jamais exporté, réponde à l'appel d'offres de 10,2 milliards
de dollars que l'Inde a lancé pour acheter 126 avions de chasse.
Mais
jeudi, au premier jour de la visite ministérielle, la justice indienne
a relancé son enquête sur le versement d'éventuels pots-de-vin par le
groupe Thales pour l'obtention en 2005 d'un contrat, en cours
d'exécution, pour six sous-marins franco-espagnols Scorpène.
Recent Comments